Site Loader

Afin d’exprimer un propos clair et structuré, nous baserons la comparaison sur un stage de survie classique et l’émission de TV Koh-Lanta, produite par TF1.

C’est la première chose dont on nous parle sur les salons, dans les interviews, sur les stages survie. « Ah oui vous faites comme à Koh Lanta ?! ». A chaque fois nous expliquons patiemment que c’est de la télé, et que même avec la meilleure volonté du monde, on ne peut pas décemment laisser des personnes se mettre en danger ou risquer des accidents, pour amuser la galerie. Quoi que, une émission russe il y a 3 ans à recruter 10 amateurs de survie, leur a laissé 1 mois de préparation en pleine nature sibérienne, puis les a filmé pendant 1 mois d’hiver « pour voir » comment ils allaient s’en sortir. Hormis une fusée de détresse pour abandonner et être sorti par un Ranger, en quad, ils n’avaient aucune aide. Ce genre de programme serait totalement illégal dans un autre pays, remercions les russes pour ce divertissement (le nom m’échappe, désolé).

Sans surprise, notre analyse nous porte à prétendre qu’il existe de nombreuses différences entre la survie telle qu’elle peut être apprise lors de stages, et la survie-réalité. Nous allons décortiquer point par point ce qui dissone en partant des priorités habituelles (pyramide de Maslow + règle de 3 by Ron Hood). Pour le premier, notre intérêt se porte ici sur le niveau 1 de la pyramide, celui des besoins physiologiques (autrement dit, la survie pure).

Il en ressort que nos besoins sont (liste de Maslow, ordre de Hood) :

Respirer, se chauffer ou se vêtir, dormir, boire, manger, se reproduire (peu utile ici).

Si on empiète légèrement dans le niveau 2 et la fin « inventée » de la règle de 3 on rajoutera :

éviter l’isolement social (3 mois, solitude, marginalisation) et le besoin en médecine moderne (3 ans).

1) La respiration

Le seul moyen de mourir par suffocation sur une île déserte reste quand même l’apnée. Il faut donc limiter les fois où l’on met la tête sous l’eau, où l’on va dans l’eau. Vous constaterez que bon nombre d’émissions Koh Lanta impliquent ces deux moments et de manière répétée. Entre les baignades de loisirs, la toilette, le kit de pêche et bien sûr les épreuves d’eau. Il existe bon nombre de techniques pour éviter de s’immerger afin d’attraper du poisson. Non exhaustivement : filets modernes, pièges primitifs avec des végétaux (barrage, panier tressé, goulot de pierre), pantalon avec des nœuds, casier en bois, en métal, en plastique, canne à pèche, trident en bois ou métal ; la pêche au fusil-harpon (en mettant une ficelle sur sa flèche on évite de devoir descendre pour la décoincer…). Bien que non-respectueux de l’environnement il faut aussi citer la pêche à la dynamite (à éviter dans le lagon même en cas de survie…) et la pêche au fusil.

Il faut rajouter par esprit de concision l’ingestion d’arêtes de poisson ou d’éléments provoquant une réaction allergique (œdème de Quincke). Soyons donc vigilants en mangeant du poisson et soyons sûrs de nos allergies en nous faisant dépister par temps calmes (hors-survie).

Conclusion : lorsqu’on veut éviter la mort, on évite de courir le cul-nu devant un taureau bien énervé. Passer son temps dans l’eau alors qu’elle recèle de nombreux dangers (éclats de coraux, méduses, poissons pierre, requins, noyades, courants marins) est inconscient en situation de survie, sauf pour s’enfuir en dernier recours.

2) Se chauffer ou se vêtir

Pourquoi lier les deux ici ? Car la pyramide de Maslow n’intègre pas nécessairement le cadre de la survie mais des besoins primaires. Or selon le climat, pour se chauffer il faut se vêtir (neige…). Dans le cadre d’une survie en zone jungle ou île déserte, il fait chaud, se vêtir n’a donc que peu d’intérêt au niveau de la régulation thermique. Toutefois, le bon équipement est primordial pour s’aventurer au centre d’une île ou d’une jungle, dans l’eau, malgré la chaleur. Les végétaux dangereux ne manquent pas (épines, poisons, lianes coupantes) sans parler des animaux dangereux (serpents, araignées, scorpions, grenouilles empoisonnées, poissons pierre, murènes, méduses).

Il est donc irresponsable de s’y aventurer en maillot de bain (mais cela montre de la fesse, et fait donc monter l’audimat) et encore moins pieds-nus. Toute autre explication n’est pas de la survie mais un suicide précipité. Vous direz sûrement « mais si on s’échoue nu ou en slip de bain sur une île déserte on aura pas le choix » certes c’est vrai ! Foncez donc faire le tour de l’île en restant sur la plage, avec le peu d’amour de vos concitoyens pour l’environnement vous trouverez sûrement des chaussures prêtes à l’emploi, des claquettes, du plastique pour vous fabriquer vêtements et chaussures. Il va de soi que dans Koh Lanta, les candidats peuvent venir habillés, ont leurs vêtements sécurisés, mais choisissent de ne pas s’en servir (ou alors il s’agit d’une consigne de la production pour « montrer de la peau »).

De « se chauffer » on peut en tirer la logique suivante dans un environnement hostile (pluie, vent, grande fraîcheur, grande chaleur) : s’abriter des éléments. Ron Hood est clair, dans un climat hostile on peut mourir sous trois heures. Il faut comprendre 3h dans la neige sans équipement ou 3h en plein désert sans équipement pour vous prodiguer de l’ombre. On en conclu qu’un abri (les vêtements sont une première ligne de défense mais ne peuvent être permanent, ne serait-ce que pour le couchage/dormir) véritable est non-négociable.

Il résulte que l’abri doit être une base fondamentale pour le survivant d’un crash ou d’un naufrage. Il doit le protéger du soleil cuisant, du froid (effet venturi + convection + froid) et de la pluie. Exit le froid et le soleil si on construit à l’ombre et sur une île déserte tropicale. Il reste donc la pluie, on doit pouvoir monter un feu, entreposer du matériel ou s’allonger au sec, c’est un besoin vital. Sinon on tombe malade, chaleur ou non la nuit il fait froid, froid + mouillé = hypothermie = mort.

Or vous constaterez, hormis quelques exceptions salutaires (Teheiura, Yassin…), que l’abri n’est pas une priorité pour la plupart des aventuriers. Certains aventuriers des premières saisons avaient expliqué (avant d’être attaqué pour diffamation et de devoir rembourser une belle somme) qu’en réalité les candidats dormaient ailleurs, dans des bungalows fournis par la production. Que ce soit vrai ou non, puisque l’émission prétend que les candidats dorment bien dehors, les abris devraient être impeccables. On ne PEUT PAS rester sans dormir plusieurs jours de suite ET ÊTRE fonctionnel. Après 25-30 ans, les dégâts d’une nuit blanche sur l’organisme se répercutent sur 3 à 6 mois plus tard et mettent réellement au moins trois jours à s’estomper au niveau du sommeil et de la mémoire à court terme.

Sachant que Koh Lanta se déroule toujours en milieu tropical, qu’il y pleut généralement une fois tous les 3 jours et que les plus chanceux restent 40 jours… est-il possible d’être efficace en terme de survie ET compétitif dans les épreuves avec 10 nuits blanches dans les dents ? Des naufragés dignes de ce nom sauraient qu’un abri doit être hermétique au vent et imperméable à la pluie, sinon on se mouille et le sommeil est presque impossible. Sur de la survie à long terme, c’est l’abri qui devra emporter la priorité de la première semaine, ça et l’eau, la nourriture et l’évasion du naufragé.

Conclusion : si la production laisse les candidats déambuler sans vêtements ad hoc, c’est que soit elle a déjà vérifié les environs et sait qu’il n’y a rien de dangereux (sinon = mise en danger de la vie d’autrui) ; soit elle se moque de leur santé / sécurité et potentiellement guette la blessure pour faire de l’audimat ; soit que les candidats ne se mettent jamais dans des situations dangereuses pour trouver la nourriture, la boisson, les matériaux utiles, donc ce n’est pas vraiment de la survie.

3) Dormir

Abordé en passant dans le point ci-dessus, dormir est une autre priorité du corps humain. Si on ne dort pas, surtout en survie où chaque décision est une mauvaise décision de plus, on aura un discernement proche de celui d’un chien affamé devant une belle saucisse sur l’étal du boucher. Dormir permet à notre corps de récupérer nos dépenses de la veille, qu’elles soient énergétiques (effort, blessure), mentales (concentration, problèmes, conflits) ou intellectuelles (connaissance, information). Dormir permet aussi de diminuer nos besoins physiques pendant quelques heures en faisant tourner le corps au ralenti. Dormir permet enfin de diminuer l’attente si on a placé des pièges sur le long terme (marée haute… piège à trou, piège à insectes…).

En somme (haha) c’est primordial. A partir de là, comment expliquer que les candidats ne soient pas plus déterminés que cela à réaliser des abris leur permettant d’enchaîner 7-8h de sommeil sans être gênés par les éléments ? Il est tentant d’en déduire qu’ils ne dorment pas réellement là, mais sans preuve nous ne pouvons l’affirmer. Les techniques sont connues, l’empilement de débris végétaux, la superposition de feuilles d’arbres au profil sympathique (bananiers, palmiers, cocotiers). Les plus malins auront même regardé du côté des îles françaises du pacifique pour apprendre à les tresser pour réaliser des panneaux qui, sur 3 couches, sont à 99% imperméables. Une année, Pascal avait même trouvé une grotte non loin, la production interdit-elle aux candidats d’explorer plus en avant l’île pour trouver une grotte naturelle ?

Conclusion : vu que les candidats discutent de petits potins, courent dans des épreuves et ne sont pas tous écroulés à l’ombre passé 13h… ce n’est pas de la survie, cela signifie qu’ils parviennent à dormir malgré leur abri en mauvais état (la production donnerait parfois des bâches en plastique à condition que les candidats les camouflent bien) ou qu’ils dorment ailleurs, ou qu’ils dorment à d’autres moments mais que la production ne filme pas. Toujours est-il que les images d’averses nocturnes montrent les candidats debout sous la pluie, comme du bétail, à attendre bêtement que ça passe. Quitte à ne pas dormir, autant profiter de la lumière de la caméra pour renforcer l’étanchéité de l’abri… ce serait déjà un peu plus « survie ».

4) Boire

Il vient tardivement celui-là en effet, petite explication. En climat tropical, il ne faut pas croire que parce qu’il fait beau mais pas chaud comme dans le désert, on n’a pas autant soif. On sue beaucoup et on se déshydrate rapidement en jungle aussi. Le fait qu’il pleuve beaucoup ne donne pas forcément plein à boire, encore faut-il pouvoir récolter, filtrer puis purifier l’eau, sans oublier la stocker de façon durable (contenant, et ultimement contenant fermé). Selon Hood on peut tenir 3 jours sans boire (bien sûr cette règle dépend du climat). Sur une île déserte et tropicale avec des fruits on allongera considérablement le chiffre, dans le désert sans ombre avec efforts, en 3h c’est plié.

Bien sûr, si l’abri sera important (sur une île déserte : abri contre la pluie, le soleil, le vent et les animaux dangereux) on aura besoin d’eau avant d’avoir terminé notre hôtel 4 étoiles. Il faut donc débuter quelque chose de sommaire pour les deux premières nuits par exemple voir se planquer sous un tronc couché ou un rocher, ce qui vous permettra de pourvoir à votre besoin en eau, avant de poursuivre les travaux (abattage d’arbres, récoltes et tressage de végétaux, expéditions « détritus sur la plage », etc…).

La question ne se pose pas pour Koh Lanta… puisqu’une citerne hermétique est enterrée sur chaque camp (je ne dis pas « île » car certaines saisons les candidats étaient sur la même île, contrairement à ce que disait la production) et remplie chaque semaine au… tuyau depuis une tonne à eau (transportée par des pêcheurs) ou des bidons remplis sur l’île voisine. Cela pose deux problèmes éthiques : premièrement pourquoi vendre cette émission comme de la survie, alors que la plus grosse partie (l’eau… ce qui tue le plus de monde en survie) est faussée ? Deuxièmement, le choix de l’implantation d’un campement est vital car de nombreux critères entrent en jeu. On comprend alors que les candidats n’ont pas le choix de leur implantation, la production leur indique la plage où ils devront s’établir (dommage… un camp en pleine jungle à des avantages si on déblaie les alentours pour éliminer les insectes).

C’est bien dommage, car pour acquérir de l’eau potable dans la nature, il faut parvenir à l’accumuler, la filtrer, la purifier et finalement la conserver. Cela occupe 2-3h dans la vie d’un naufragé, chaque jour (sauf bonne organisation ou bon système autonome). Placer des bâches ou des surfaces planes et continues pour servir d’entonnoir géant afin de capter l’eau ; la ramasser dans des récipients (fabriqués si on peut ou ramassés sur la plage si pollution) ; la filtrer avec différents systèmes (gravité, évaporation, filtrage physique). On arrive à l’étape sympathique pour la télévision, la purification de l’eau. Il existe différentes méthodes (chimiques, solaires [non recommandé par notre moniteur], par évaporation, par ébullition). Sans suspens aucun, le feu est la plus courante, à condition encore une fois d’avoir un récipient fireproof (inox de préférence) et bien sûr de savoir allumer le feu avec les moyens du bord (bambou, friction à l’archet, briquet, lunettes…). Ce devrait être le point fort de toute émission de survie.

A titre comparatif, la production M6 de « The Island » semble laisser plus de liberté à ses candidats (bien que certains aient précisé s’être vus offrir plus d’une fois un coca, suite à un coup de mou) et ils doivent chercher eux-mêmes leur source d’eau (pas folle, la production les envoie sur une île où l’eau douce est présente…) et leur implantation de campement.

Conclusion : ce n’est plus de la survie à partir du moment où les candidats n’ont pas à stresser pour trouver chaque jour de quoi boire les 3L (oui… dans les tropiques c’est 3L minimum par dame, 3,5L par homme). Enfin… si on ne doit pas suer pour chercher et potabiliser l’eau on gagne sûrement 200ml… Le feu est primordial dans ces conditions pour purifier de l’eau « naturelle » et si pénible qu’il soit à allumer, c’est pire quand on le laisse s’éteindre et qu’un technicien-son n’est pas là avec « son briquet pour le rallumer parce qu’il a plu et qu’on l’a perdu » (propos d’un ancien candidat).

5) Manger !

Le point d’exclamation vient de notre moniteur, qui on le sait tous, aime manger, et bien manger.

On mange trois fois par jour, quatre pour les plus jeunes avec le goûter, les hobbits mangent même huit fois par jour. En réalité selon Hood on peut s’en tirer 3 semaines sans manger. Encore une fois il faut modérer le propos. On parle de mourir et non d’être « mal ». Sans manger pendant 48h, le corps humain sera vraiment bon à rien, selon les corpulences initiales (notre moniteur insiste pour qu’on rajoute : « voilà une bonne excuse pour bien manger ! »). Mais on peut survivre néanmoins, avec de l’eau et quelques apports mineurs (la coco par exemple… qui rapidement vous causera diarrhées et maux de ventre donc… perte de l’eau qu’elle apporte, méfiance), pendant 3 semaines.

Certains sont morts en une semaine (car maintien de l’effort et mauvaises conditions climatiques) et d’autres ont tenu plus d’un mois, nous ne sommes pas égaux face à nos métabolismes. Quoi qu’il en soit, il faut manger quelque chose chaque jour si on veut être efficace, on ne cherche pas à battre le record hindou de méditation jeûnistique immobile. Que mangent concrètement les candidats de l’émission (face caméra, car à nouveau il a été attesté que des candidats ont été nourris suite à un état de santé jugé trop mou par la production… qui veut des candidats qui courent aux épreuves) ?

L’émission prétend parfois que certains passent « plusieurs jours sans rien avaler ». Mais il n’en est rien bien sûr, sinon ce serait malaise sur malaise, hypoglycémie, anémie et compagnie. Passons outre les cas où la production auraient apporté de la nourriture off-camera, car nous n’avons pas de source fiable à citer. La production s’arrange toutefois pour le faire autrement. Chaque île où le tournage doit avoir lieu fait l’objet de négociations politique auprès des autorités car les cahiers des charges sont lourds. Il faut interdire l’accès du tournage à la population locale, interdire certaines voies maritimes pour éviter d’avoir des bateaux dans le champs de la caméra, autoriser le dépôt de matériaux polluant (une partie de la production vit sur l’île des candidats avec tentes, groupes électrogènes et le respect connu des citadins pour la nature) et non-polluant (toutes les perches en bois pour les constructions, les plateaux de tournage, les bidons d’huile inflammables pour les torches, éclairage, hangar pour « le conseil » (hé oui, ils ne sont pas vraiment dehors).

Pendant que tout cela est négocié par le service commercial et le service juridique de TF1, la production fait amener des plants non-endémiques aux îles en question. Canne à sucre, igname, taro, manioc, mangue, papaye… Tout cela est planté tranquillement près des campements (choisis par la production selon les angles de tournage afin de cacher la présence d’humains sur les îles voisines, ou la même île parfois…). C’est tout naturellement que les candidats trouvent ces plantations artificielles « par hasard » à 100m du campement et bien que la saison de la récolte soit passée dans la région, ou bien que certaines plantes ont besoin d’entretien pour donner d’une année à l’autre (entretien inexistant si l’île est… déserte).

Au surplus, le traditionnel paquet de riz offert par la production de temps en temps, surtout quand on va en manquer (bon timing) ou la visite sur l’île voisine à la nage (alors qu’on manque de force pour nager vu qu’on a rien mangé) qui permet de ramener de la nourriture. Histoire de torturer un peu les candidats on leur propose parfois de choisir entre la nourriture ou des lettres de leurs proches, là ça commence à ressembler à de la survie (grincement de dents machiavélique).

Conclusion : lorsqu’on s’arrange pour préparer le lieu de la survie, on perd le caractère fondamental de la survie qui est la non-anticipation de son avènement. On ne sait jamais quand on va tomber dans une situation de survie, c’est pour cela que les stages ne font pas « de la survie » mais « vous apprenne des techniques de survie » qui resteront dans votre mémoire et non dans un sac à dos qu’on peut perdre ou… ne pas avoir le jour J. Les candidats n’ont pas à se battre ou à lutter contre la nature pour trouver à manger (ramasser des bigorneaux dans les cailloux, les enfants font ça dès 5 ans en Bretagne, c’est le seul élément culinaire [avec la pêche] qui soit vraiment de la survie dans Koh Lanta).

6) Se reproduire…

Selon le père Denis, on distribue des préservatifs dans Koh Lanta « au cas où » car il est vrai qu’un rassemblement de gens (jeunes ou moins jeunes) avec une mixité de genre indéniable, au soleil… sur la plage… Fausse Bonne Idée. Avez-vous déjà expérimenté le sable sur votre serviette ? C’est pénible non ? Imaginez dans vos parties intimes, sans douche possible ? Se rincer à l’eau de mer vous irritera et… bref pensons aux enfants qui lisent.

Dans une situation de survie cette préoccupation devrait théoriquement être absente, l’hygiène est défaillante, l’absence de modernisme fait que la nature reprend ses droits (et oui, on parle bien des poils). Cela peut notamment accroître le risque de maladies sexuellement transmissibles (l’hygiène, pas les poils). Mais pire que tout, les relations sexuelles consomment de l’énergie qu’il faudra remplacer (nourriture) et consomment beaucoup d’eau (transpiration et… le reste) qu’il faudra également remplacer. Si on manque de ces deux choses, il faudra s’abstenir. Sans compter qu’en survie réelle, les émotions seront exacerbées, le sexe pourra alors créer des jalousies dans un groupe isolé, voire diviser le groupe selon qui détient le pouvoir sexuel.

Au final, tomber enceinte sur une île déserte peut littéralement vous tuer. La grossesse doublera vos besoins alimentaires, s’ils sont défaillants la mère ou le bébé pourraient en pâtir ; et surtout la fin de la grossesse, autrement nommée la délivrance ou l’accouchement, à une chance sur deux de mal se passer et de tuer les deux concernés. Vous me direz « mais on faisait comment dans le temps », et bien dans le temps comme tout le monde accouchait sans hôpital, chaque village regorgeait de sage-femmes en puissance qui avaient déjà assisté à plusieurs accouchements. Sans compter que le taux de mortalité infantile (et maternel) crevait le plafond.

Par contre petit aparté sur l’hygiène (c’est lié à ce thème). Denis précise qu’ils n’ont rien d’autre hormis de la crème solaire et de l’anti-moustique (dans le générique pourtant il est dit qu’ils n’ont droit à RIEN). Toutefois, si vous faîtes un peu de camping, essayez de ne pas vous laver les dents pendant 2 jours, vous verrez la tronche du sourire le troisième jour. Même chose pour l’épilation. Or là, malgré les gros plans récurrents les dents sont parfaitement blanches et propres, personne n’a d’aphtes ou de soucis dentaires ; les sourcils sont impeccables, et le maillot ne laisse pas dépasser la moindre touffe, pareil pour les jambes (malgré la présence de brunes) même après 30 jours. Faire ses besoins ? Cela peut attirer des mouches et autres insectes et si c’est mal géré amener des maladies. Il y a forcément des choses qu’on ne nous dit pas, autant être honnête non ?

Conclusion : si vous regardez les seins d’une naufragée plutôt que sa manière d’allumer un feu, ce n’est pas vraiment de la survie… Popol s’endort lorsque son copain Cerveau risque d’y passer.

7) Conclusion générale

Loin de nous l’idée d’attaquer l’émission Koh Lanta, nous tenions simplement à recadrer le sujet de l’étude « survie ». C’est de la survie-réalité, le nom est révélateur. Ce sont des gens placés dans des conditions de vie dans la nature (on ne peut pas les laisser n’importe comment), avec des épreuves sportives (on ne peut pas les y envoyer sans rien manger) et un gros zoom sur les confrontations relationnelles (il faut bien que ça clashe pour l’audimat, c’est sûr). C’est donc un divertissement qui a pour thème le concept de la survie, de la vie dans la nature, de naufragés qui feraient tout pour s’en sortir. Il faut le prendre comme un show qui a pour but de détendre les gens, et non de leur apprendre la survie.

L’avis de notre expert, moniteur de survie professionnel depuis 5 ans et pratiquant assidu des techniques de survie depuis 18 ans :

« Le simple fait que ce soit une émission TV nous pousse à relativiser le rapport à la nature. On ne peut pas laisser des gens mourir à la télé, ou souffrir au delà du raisonnablement montrable. On ne va pas les laisser se chier dessus, vivre dans la crasse et l’hygiène dentaire déplorable. Bien sûr qu’ils sont aidés d’une façon ou d’une autre et bien sûr qu’on ne le montre pas, tout comme un magicien ne laissera pas un caméraman se placer dans son dos lors de son tour de magie.

Quelques exemples réels et concrets : Le sable la nuit se comprime sous l’humidité du soir et de la chaleur reçue dans la journée, il devient dur comme du béton et froid comme de la glace. Dormir à même le sable dans les pays chauds est réellement difficile. Pour l’avoir essayé en outre-mer, je sais que je ne ferais pas deux nuits d’affilée ainsi.

La qualité du sommeil est déterminante pour des humains fortement sortis de leur zone de confort, comme c’est le cas de naufragés sur une île déserte. Les abris de l’émission ne seraient même pas bons pour des animaux d’élevage, ni pour un feu, encore moins pour un humain. Si la pluie passe au travers, autant ne pas avoir d’abri. Il est vital de renforcer ce point en survie, si on dort mal on devient irritable, on perd patience, on réfléchit mal, on prend des décisions irréfléchies. On peut même être désorienté et faire des malaises, il est vital d’avoir de longues phases de sommeil.

Les femmes ont besoin d’un accès à l’eau potable, surtout en période de règles. De nombreuses maladies peuvent se développer dans le sexe féminin suite à une mauvaise gestion des produits de ce domaine. Il faut pouvoir se nettoyer convenablement, changer régulièrement ces produits (plusieurs fois par jour) et se laver les mains avant, après. L’eau de mer ne suffit pas et au contraire, peut irriter et créer des lésions, des troubles urinaux.

Les troubles digestifs, pour conclure, apparaissent lorsque le système digestif tourne au ralenti. Ne serait-ce que le fameux bouchon de matière fécal, accumulé par l’arrêt des fonctions digestives finales (on ne mange pas assez, on ne produit pas assez de matière fécal, la plus proche de la sortie s’assèche et fait gonfler la sortie, qui se bouche). Très dangereux, surtout si on reprend subitement un régime riche (gain d’une épreuve de confort) et que la nourriture ne s’évacue pas. Sans accès à la médecine moderne, le candidat sera gravement malade, les souffrances abdominales sont alors terribles et la mort n’est pas loin. »

Rappelons que la survie n’est pas un jeu ou une finalité en soi. Les stages que nous proposons permettent de vous plonger dans des conditions qui favorisent l’apprentissage et la mise en pratique, mais à aucun moment votre vie ne sera en danger. A condition… de ne pas utiliser le couteau du moniteur sans son autorisation ou pire… de chiper dans sa popote !

Merci à l’émission Koh Lanta qui propose un divertissement intéressant, que nous regardons pour connaître les attentes de nos clients qui ont forcément regardé l’émission s’ils sont intéressés par le thème de la survie. Simplement, pourquoi ne pas avouer la chose publiquement, reconnaître qu’on aide un peu parce qu’on n’est pas là pour regarder mourir les gens, et justement en jouer pour faire sur le campement des épreuves individuelles pour gagner de la nourriture, solo ou à partager. Cela créerait un côté survie authentique et relancerait l’audimat suite aux petits coups égoïstes que cela permettrait. Pourquoi ne pas créer une monnaie Koh Lanta, gagnée sur le campement avec ces épreuves, pour aller à la boutique tenue par les anciens éliminés qui pourraient ainsi fixer les prix des marchandises de contrebande ? Au lieu de donner la nourriture quand elle vient à manquer ?

******************************
BIBLIOGRAPHIE :

1) Rappel de la pyramide de Maslow

Survie (besoins physiologiques) : Manger, boire, respirer, dormir, se chauffer, se vêtir, se reproduire

Sécurité : accumuler des biens, stabilité, construire une demeure fixe, prendre soin de sa santé

Appartenance : sentir une dépendance, obtenir un statut social, s’intégrer au groupe, connaître l’info

Reconnaissance / estime : développer son autonomie, être reconnu et apprécié, sortir du lot, avoir de l’indépendance vis à vis du groupe.

Réalisation de soi : s’épanouir, méditer, approfondir sa culture, développement personnel

2) Site de l’expess avec quelques révélations d’une ancienne candidate (Ella, 2011)

https://www.lexpress.fr/culture/tele/koh-lanta-cinq-trucages-presumes-denonces-par-une-ancienne-candidate_1690154.html

3) Interview du présentateur (qui dit notamment que les candidats peuvent solliciter la production avant d’avaler quelque chose de louche… la survie version « appel à un ami »).

http://tvmag.lefigaro.fr/programme-tv/preservatifs-cigarettes-et-hygiene-dans-koh-lanta-les-revelations-de-denis-brogniart_719e5cbc-0999-11e7-b9e4-0386c8cb1b2f/

4) Interview d’un ancien candidat (Raphaël, 2004) sur la scénarisation de l’émission

http://www.programme-tv.net/news/evenement/koh-lanta-johor/68282-koh-lanta-manipulation-malveillance-raphael-saison-4-deballe-tout/

Renan

Fondateur et moniteur à la Skol Louarn

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *